Nichée dans la baie de Kotor, au large de la ville de Perast au Monténégro, se trouve l’île de Notre-Dame-du-Rocher (Gospa od Škrpjela en Monténégrin). Cet îlot artificiel, parmi deux autres résidant dans la baie (l’autre étant l’île de Sveti Đorđe), est le fruit d’une tradition séculaire. Cette île fascinante abrite l’église catholique de Notre-Dame-du-Rocher, un lieu riche en histoire, en légendes, et en arts. Ce guide vous invite à explorer cette merveille unique, ré-imaginée à travers les récits d’autrefois et les trésors d’aujourd’hui.
La naissance d’une île artificielle
Les villes médiévales du Monténégro attirent de nombreux visiteurs, captivés par leur riche histoire et leurs traditions singulières. L’une des histoires les plus fascinantes est celle de la création de l’île de Notre-Dame-du-Rocher, étroitement liée à une légende captiva.
Le 22 juillet 1452, des marins de Perast trouvèrent une icône de la Vierge et l’Enfant sur un rocher en mer après un naufrage. Considérant cela comme un signe, ils firent un serment : chaque fois qu’ils revenaient sains et saufs de leurs navigations, ils ajoutaient une pierre autour du rocher où l’icône avait été trouvée. Ce rituel a perduré au fil des siècles, et de ce geste est née l’île de Notre-Dame-du-Rocher.
La coutume de jeter des pierres dans la mer se perpétue chaque année lors de la fašinada, un événement qui se tient au coucher du soleil du 22 juillet. Les habitants de Perast se rassemblent sur leurs bateaux et continuent d’arrimer des pierres autour de l’îlot, élargissant ainsi sa surface petit à petit. C’est une pratique unique qui forge un lien tangible entre le passé et le présent.
L’église de Notre-Dame-du-Rocher
L’actuelle église de Notre-Dame-du-Rocher a été érigée en 1630 par les catholiques romains après qu’une première église orthodoxe serbe a été construite en 1452. En 1722, l’église a subi d’importantes rénovations, la dotant des somptueux traits baroques que l’on peut admirer aujourd’hui. Dès que vous franchissez ses portes, l’église éblouit par ses œuvres d’art et son architecture.
Les œuvres de Tripo Kokolja
L’artiste baroque le plus célèbre de Perast, Tripo Kokolja, est l’un des principaux contributeurs à l’intérieur de l’église. Ses 68 peintures ornent les murs, dont son chef-d’œuvre de dix mètres de long intitulé « La Mort de la Vierge ». Les œuvres de Kokolja comprennent également des scènes de couronnement de Marie et l’exaltation de la Sainte Mère de Dieu, imprégnant l’église d’un sens de grandeur et de dévotion.
Des artistes italiens et des trésors d’art
L’église abrite également des œuvres d’artistes italiens, notamment une icône de Notre-Dame-du-Rocher réalisée vers 1452 par Lovro Dobričević de Kotor. Cet ensemble riche en œuvres picturales démontre la relation étroite que la région de Boka Kotorska entretenait avec les traditions artistiques de la Méditerranée.

La tapisserie votive de Jacinta Kunić-Mijović
L’une des pièces les plus émouvantes et remarquables de l’église est sans doute la tapisserie votive brodée par Jacinta Kunić-Mijović de Perast. Pendant 25 ans, elle attendit le retour de son bien-aimé marin en travaillant sur cette tapisserie. Elle utilisa des fibres d’or et d’argent, mais ce qui rend cette œuvre particulièrement unique, c’est qu’elle y intégra également ses propres cheveux, devenus gris au fil des années. Malheureusement, Jacinta perdit la vue avant de terminer son ouvrage. Sa tapisserie est un symbole poignant de l’amour, de la dévotion et du passage inexorable du temps.
Le musée et les collections d’art sacré
Outre les œuvres d’art, l’église abrite un musée dédié à l’histoire de la région et aux traditions maritimes. Le musée expose une large collection de peintures votives et de tablettes en argent, toutes des offrandes faites par les marins en reconnaissance des protections divines lors de leurs voyages. Parmi ces objets, on trouve des plaques gravées représentant des navires de Boka Kotorska, protégés selon la légende par Notre-Dame-du-Rocher lors de leurs périples en mer.
Un altar majestueux
Le maître-autel de l’église, une œuvre de marbre réalisée par le sculpteur génois Antonio Kapelano, est un autre joyau à découvrir. L’autel est dominé par l’icône de Notre-Dame-du-Rocher, une émanation du talent de Lovro Dobričević, l’un des plus grands maîtres du XVème siècle dans les Balkans.
Notre-Dame-du-Rocher est bien plus qu’une simple destination touristique. Elle représente un lien vivant entre les générations passées et présentes, un témoignage de foi et de dévouement, et une vitrine de la richesse culturelle et artistique du Monténégro. Si vous traversez la baie de Kotor pendant une semaine de vacances au Monténégro, ne manquez pas de visiter cette île fascinante. En chemin, vous devriez également visiter l’île de Sveti Đorđe, également connue sous le nom d’île des capitaines morts, pour une expérience complète.
De ses légendes séculaires à ses trésors d’arts baroques, cette île demeure une merveille que chaque visiteur porte longtemps dans son souvenir. Vous découvrirez ici le charme intemporel d’une tradition qui continue à vivre à travers générations. En effet, chaque pierre jetée dans la mer, chaque peinture accrochée au mur, raconte une histoire inédite, enrichissant ainsi ce site sacré d’une spiritualité éternelle et universelle.